Si seuls les spécialistes avisés du ballon rond et des
pronostics de foot connaissaient déjà Romelu Lukaku durant la défunte saison (il avait
déjà été approché par Chelsea alors qu’il n’avait que 15 ans et pas de
contrat pro, en Belgique c’est illégal de signer un tel contrat quand
on a moins de 16 ans), le phénomène Lukaku n’échappe plus à grand
monde, si bien que les lapsus concernant son prénom (Romelo ou, mieux
encore, Roméo…) devraient prendre fin très rapidement. Lukaku est un
attaquant belge, né de parents congolais, d’à peine 16 ans et qui
entame sa première saison dans le noyau professionnel du RSC Anderlecht.
Depuis les deux titres du Standard conquis essentiellement avec des
jeunes du cru, la direction anderlechtoise a effectué un virage à 180
degrés concernant sa politique. C’était une équipe réputée, à juste
titre, pour ne pas donner sa chance aux jeunes. Désormais Anderlecht
aligne la plus jeune formation de l’Europa League. Cependant, la
réussite de Romelu est exceptionnelle, au stade Constant Vandenstock,
on n’avait plus vu un tel phénomène depuis 1983, lorsqu’un autre gamin
émerveillait le public du haut de ses 17 ans: c’était Enzo Scifo.
Un empileur de buts-néEn équipes de jeunes, Romelu marque plus de goals qu’il ne joue de
matches… 130 buts marqués en 68 matches au SK Lierse, 121 en 87 matches
au RSC Anderlecht. Facile vu son gabarit vous allez dire, c’est comme
si Didier Drogba allait jouer un match avec les pupilles de Chelsea.
C’est en partie vrai, mais lisez-donc la suite et jugez plutôt…
Une ascension fulguranteC’est Johan Walem, entraîneur des espoirs d’Anderlecht, qui avait
insisté pour que Romelu rejoigne son groupe, celui-ci n’ayant plus rien
à apprendre dans sa catégorie. C’était la saison dernière. Cette
saison, il fut incorporé au groupe, vu son talent et les
indisponibilités répétées de Nicolas Frutos.
En quelques semaines, il est devenu tellement important dans le
schéma d’Ariël Jacobs qu’on parle déjà d’une Lukaku-dépendance au
Sporting. Il a inscrit 7 buts en 576 minutes, soit un but toutes les 82
minutes… une moyenne de tueur, malgré son inexpérience au plus haut
niveau, de quoi rivaliser avec les joueurs ayant les meilleures
cotes de foot ! Tom De Sutter a perdu sa place à son profit, et il sera très
difficile pour Frutos, le goleador argentin tellement prolifique mais
si souvent blessé, de regagner sa place dans le onze Mauve. Vu son
jeune âge, il est souvent mis sur le banc et rentre en jeu lorsque les
rencontres s’enchainent (coupe de Belgique ou Europa League). Qu’a cela
ne tienne, Romelu fait souvent alors la différence: lors du dernier
match de Jupiler league à Genk, Romelu est rentré 24 minutes et à
inscrit… 3 buts, dont 2 annulés pour hors-jeu.
Ou va-t-il donc s’arrêter? Il ne semble pas du tout montrer de
signes de fatigue et continue de garder les pieds sur terre. Alors,
quid de la sélection nationale? Il se pourrait bien qu’il continue de
bluffer le monde du ballon rond en équipe nationale belge, sa première
sélection étant déjà programmée pour mars 2010, Dick Advocaat ayant
justement un problème de sélection à ce poste. Un gamin de 16 ans
serait-il la solution offensive des Diables Rouges, à la recherche d’un
attaquant de classe internationale depuis tant d’années ?
Des capacités athlétiques hors du communIl faut dire que ce joueur présente un profil assez atypique : 1m90
et 93kgs… à 16 ans. Il se chuchote que dans le vestiaire d’Anderlecht
que personne n’ose se mettre torse nu à côté de lui, de peur de passer
pour un gringalet. Voila un bien beau pivot mais pas très mobile, vous
allez me dire. Eh bien détrompez-vous, le garçon a une pointe de
vitesse tout bonnement phénoménale. Il a déjà dégoûté bon nombre de
défenseurs à la course, ceux-ci donnant l’impression de traîner une
caravane face au TGV anderlechtois. Si on ajoute qu’il n’est pas du
tout maladroit techniquement et bon de la tête, il est le prototype du
super attaquant dont tout entraîneur rêverait. Il s’intègre dans tout
schéma offensif: en cas de domination, il impose son gabarit et sa
puissance dans le rectangle, fixe ses défenseurs et est un excellent
point d’appui pour ses coéquipiers. En contre-attaque, il fait parler
sa vitesse et sa puissance. Un vrai cauchemar pour les défenses
adverses.
Il doit bien sûr gagner en maturité, apprendre à gérer ses matches
et améliorer ses décisions sur le terrain, ce qui est plutôt positif,
car cela veut dire qu’il va devenir de plus en plus redoutable.
Vu que personne n’échappe au jeu des comparaisons, on pourrait le
situer entre John Carew et Didier Drogba, ce type d’attaquant dont il
est difficile de citer la qualité principale, tant ils sont complets.
Une affaire de familleChez les Lukaku, le football est une affaire de famille : son papa
Roger fut footballeur professionnel. Devinez à quelle position…
Celui-ci tient probablement la clé du succès footballistique de son
fiston. On sent bien qu’il lui a inculqué les valeurs de respect,
d’humilité et du travail, qui font tant défaut à bon nombres de
promesses du foot et dont la carrière ne décolle jamais. Au niveau
footballistique, Romelu est paré, il a tout pour réussir. Mais il faut
aussi gérer le succès, l’argent, la célébrité… pas facile, d’autant
plus lorsqu’on est collégien. Réussir une carrière de footballeur
professionnel, c’est aussi être capable de gérer tous ces paramètres.
Papa Lukaku est déjà passé par là, il peut donc conseiller au mieux
Romelu.
Combien de temps ?En championnat de Belgique, c’est bien connu, un bon joueur ne fait
jamais de vieux os. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il est jeune et
pétri de talent. Chelsea, Arsenal et probablement une bonne partie des
clubs du top européen sont déjà sur la balle. Dans son entourage, on
dit que Romelu restera au Sporting encore 2 saisons, le temps de finir
sa scolarité et d’acquérir de l’expérience. Cependant, vu la vitesse de
son adaptation et ses qualités, on peut se demander s’il parviendra à
la fin de ce bail (il est sous contrat avec Anderlecht jusqu’en 2012)…
l’avenir nous le dira.